mardi 18 mai 2010

La ligne de sécurité


Un soir, deux filles papotent dans le métro qui les emmène vers la gare où les attendent les trains qui les emmèneront chez elles.

"En? Hebde nen fijne dag gehad? Weete wa die stoeme trut tegen mij heeft gezegd?"*
"Noooon? Elle s'est toujours pas calmée? Mais elle est vraiment conne, hein!"

Cette retranscription est fort trompeuse... Je vois d'ici le grincheux du fond bougonner que quand même, ces paresseuses qui ne parlent que leur langue, et encore, dans leur patois, que même que c'est pas étonnant qu'on ne se comprenne plus dans ce pays de mert' si on n'est pas capable d'aller vers l'autre bordelaku non mais c'est vrai quoi!

Oh! Mais ça va aller ici de dire des gros mots sur mon blog! J'vous signale que ma mère le lit...

Et puis vous n'y êtes pas du tout! Celle qui parle comme une Flamande... c'est moi (sans me vanter, hein!) et l'autre, ben c'est ma collègue flamande. C'est marrant d'ailleurs, parce qu'on persiste à parler dans la langue de l'autre jusqu'au bout, sans abandonner l'effort. On mélange bien quelques mots de notre langue maternelle, mais on re-switche dans la langue de l'autre très vite.

Pourtant, ça ne se fait pas sans mal. Je travaille dans un environnement bilingue, où collègues flamands et francophones se mélange(aie)nt. Bon évidemment, on n'est pas tout à fait pareils, hein. C'est pas du raciiiisme, c'est la vérité! Tenez, quand on a des moments creux, ou même quand ils sont pas si creux que ça, on le remarque très vite du côté francophone: ça se regroupe, ça rigole ou ça zone sur des sites internet pour organiser la vie en-dehors. Regardez les flamands: JAMAIS ils n'ont l'air de glander! Ils sont tous super-sérieux devant leur écran, ont tous l'air de bosser sur le méga truc du siècle et jamais ils ne s'abaissent à causer avec le voisin. Bon ok, en fait, ils jouent à Bubbles comme des malades mais ils font bien semblant.


Les Flamands disent bonjour, enfin, de temps en temps. Et en général, ils serrent la main. A une époque, quand on savait encore s'amuser, on tentait d'imposer subtilement la bise. Mon score? Euh, 5 faiseurs de bise, maintenant. La classe hein?

Mais les temps changent. Il y a un peu plus d'un an, les chefs ont décidé qu'on allait séparer francophones et flamands. Chacun de son côté, ce serait plus facile à surveiller. Plus question de se cacher derrière un poteau ou derrière un panneau, ou derrière un collègue un peu plus gros. Résultat: au fil des mois, les bonjours se sont fait plus rares. Quand avant, on subissait parfois des conversations dans l'autre langue, qui prouvaient au moins la présence des autres, on est presque surpris, maintenant de revoir certaines personnes, après des semaines (des mois?). En fait, ils n'étaient pas en vacances, vous non plus, ya juste quelqu'un qui a arrêté de dire bonjour. La frontière linguistique s'instaure insidieusement. Il faut être fort et courageux pour encore oser "faire le tour", serrer des pognes, saluer chacun par son prénom, avoir parfois un petit mot...

Mais il y a aussi parfois des moments de grâce, comme quand des collègues flamands bruxellois (ou bruxellois flamands?) tentent de négocier l'échange de Liège et Dour (pour les festivals) contre d'obscurs bleds producteurs de bière (Audenaerde, vous connaissez vous? :D). Moi, j'ai au moins un début de piste de solution:

Je propose comme TF1 l'avait vu intelligemment d'ailleurs de céder la mer aux francophones et l'Ardenne aux flamands.


Ca aura au moins le mérite de résoudre les problèmes de bouchons!



*traduction libre: "eh kwé feye? ta journée, çastiii? Tu sais c'qu'elle m'a dit cette pauvre conne?"

1 commentaire:

  1. Et pour les problèmes de cédilles qui sautent les majuscules, il y a aussi une solution : les taper dans word avant de les copier - coller dans le blog. Parce que même sur un blog tellement si fille, ce serait dommage de voir un garçon sans cédille.

    Comment ? Pas de "c" majuscule à "garçon" ?

    Tiens oui, c'est vrai, l'exemple n'est pas adéquat...

    Mais l'idée y est :p

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