jeudi 22 avril 2010

Blocage Hautement Volontaire

Il y a d'abord eu des avions cloués au sol à cause d'un nuage que personne n'a vu. Voler? Mais non malheureux! Sait-on jamais que l'avion s'écrase dans d'atroces souffrances... il faut prendre votre mal en patience, voire annuler vos voyages. Moi, vu de Belgique, ça m'en a touché une sans faire bouger l'autre (dites aussi: je m'en suis battu l'oeil avec une saucisse plate, spéciale cassedédi à mon collègue Marc). A peine ai-je compati à la situation des milliers de Belges empêchés de revenir dans notre beau pays* où ile soleil brillait si fort, en plus.

Partirait? Partirait pas, l'avion pour Kinshasa? Il a fallu mardi et la réouverture de l'espace aérien pour qu'on recommence à y croire. Que je m'autorise à réclamer le programme, à aller chercher mes dollars, à faire du shopping (mais ça, je vais pas le répéter, sinon vous allez croire que je me paie votre tête et ce n'est pas DU TOUT le cas, ok? merci :-) ). Que je commence à remplir ma valise. Que je me vernisse les ongles des pieds.

Et puis ce matin, à la radio, ils disent que le pays pourrait exploser, le gouvernement tomber, Yves Leterme courber une nouvelle fois la tête en disant "Sire, ils m'emmerdent et visiblement ils m'en veulent..." "Yves, ne jouez pas votre Caliméro, vous croyez que je n'ai que ça à foutre de vous écouter? Je devais aller à Visé, moi..." "Sire, je démissionne..." "Encore?". Bref, ça va mal, ça montre ses biceps du côté des Flamands, ça montre un peu les dents du côté francophone en attendant qu'on sache si on aura toujours un gouvernement ce soir...

Et qu'est-ce que je fais demain? Tout juste! Je pars avec deux ministres et quelques parlementaires... Question logique suivante: et s'il n'y a plus de gouvernement, est-ce qu'ils sont toujours ministres? Est-il bien raisonnable d'aller se balader sur le fleuve Congo alors que ça s'étripe par ici, hein? Faut-il maintenir cette mission?

Moi, je trouve ça suspect, tous ces nuages noirs (de cendre) au-dessus de ce voyage... On voudrait nous empêcher de partir qu'on ne s'y prendrait pas mieux... Dans les séries policières américaines, c'est à ce moment précis que l'inspecteur principal est pris en gros plan pendant qu'il se demande: "Mais à qui profite le crime?"

C'est vrai, ça! Qui aurait avantage à ce que je reste en Belgique? Que je reste à la maison pour cuisiner des bons petits plats, que je pense à faire tourner le lave-vaisselle et la machine à laver, que je repasse les tonnes de linge chiffonné, que je trouve une assurance voiture, que je range un peu et que je réchauffe le lit le soir? Hein, franchement!! Je vous le demande!!








Euh, M. Léludemoncoeur, t'as un alibi?


* il existait toujours le week-end passé, c'est fou hein?

mardi 20 avril 2010

Des cendres? Décoller, plutôt!

Ca y est, ça se précise: maintenant que le nuage (mais à QUOI il ressemblait, finalement??) s'est barré, ou du moins qu'on le dit moins dangereux que prévu, on peut enfin commencer à envisager le départ en Afrique centrale dans... trois jours. Tr... Quoi? Arghl, je me mets à hurler maintenant ou j'attends ce soir pour pleurer nerveusement?

Bon allez, j'exagère (sans blague?). Les préparatifs sont aussi avancés que possible. J'ai récupéré depuis quelques jours l'usage de mon bras gauche, qu'un vaccin anti-tétanos avait sournoisement endolori. J'ai failli MOURIR du bras gauche tellement j'avais mal! Et M. Léludemoncoeur a failli perdre au moins un oeil le jour où il a tenté le jeu du "et là? t'as mal?". On ne rigole pas avec la douleur, merci.

Vendredi, je suis allée à la pharmacie en heure creuse pour pas me faire détester par des milliers de gens en attente. J'ai sorti ma liste, qui s'est déroulée jusqu'au milieu de l'officine. Il y a des questions existentielles dont on ne soupçonne même pas l'existence, ah! mais je vous jure! Exemple: "Aloooooooooors... quel anti-moustique me conseillez-vous?" (avouez que maintenant, vous n'en dormirez plus!) "j'ai celui-là, vous le préférez en roll-on ou en spray?" (euuuuuuuh, vite vite, une réponse!!) "petits ou grands, les pansements stériles?" (va pour les petits, j'ai pas l'intention de me faire bouffer la jambe par un crocodile...). Bref, une quarantaine de questions et une demi-heure plus tard, ma "petite liste" médicale est toute cochée. Ca, c'est fait!

Les visas suivent leur cours (celui de l'euro, hem) et je les palperai en vrai vendredi. Si Dieu le veut.

Restait donc l'épineuse question du "mais qu'est-ce que je vais me mettre?". Je vous passe l'étape "ouh! mon Dieu!! un boudin blanc!!" d'une première séance d'essayage la semaine dernière. Quelques bols de soupe et efforts plus tard, ça va djà mieux. En même temps, fallait mordre sur sa chique et rentrer le ventre. Je l'ai dit et je le répète: il est hors de question que je me balade cul nu sur le fleuve Congo! On n'y reviendra plus, rhooo! Vous êtes fatigants, à la fin!

Après le boulot cet aprèm, je suis donc allée donner un avant-goût de chaleur tropicale à ma carte de banque (on n'est jamais trop prudent, un coup de chaud est si vite arrivé...). Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a chauffé la coquine! Je ne suis pas une modeuse invétérée, je ne vous décrirai donc pas par le menu ces jolies tuniques féminines comme tout, en lin pour supporter la chaleur et en beige/kaki (oui, moi, quand je trouve un truc qui me va bien j'en achète en série dans des couleurs différentes, ça s'appelle capitaliser sur une valeur sure), ce t-shirt et ce legging en coton blanc pour dormir (mais QUI dort habillé? Quoi? Vous? Ah... euh... eheh; bon ben on dira que moi, j'attends d'aller sous 32° pour dormir en T-Shirt longues manches, la vie est cruelle, parfois...), le petit top classique mais pratique et les paires de chaussettes. On notera aussi au passage le joli chapeau qui me fera ressembler au final à... eh oui, une touriste européenne en goguette en Afrique (Tintine au Congo, it's me!).

Cette petite virée shoppesque m'a en tout cas convaincue d'une chose: le vaccin contre la fièvre jaune ne protège pas contre la fièvre acheteuse!

dimanche 18 avril 2010

Et rond et rond petit macaron

Dans ma famille, organiser un petit dîner quasi à l'improviste (genre une semaine à l'avance) relève des compétences d'une secrétaire de premier ministre, voire de président du monde, rien de moins. Entre celles qui bossent déjà "pour de vrai" et -évidemment- souvent le week-end et celles qui ne bossent que le week-end parce qu'elles étudient la semaine, ya à peu près que mon père, pensionné, qui ne pose pas de problèmes quand il n'est pas parti en vacances aux quatre coins de la France. Sans compter une soeur qui se rebarre dans deux semaines définitivement en Australie. Tu multiplierais pas un peu le nombre de soeurs pour te plaindre, toi? se demande le lecteur méfiant. Que nenni, mon ami! J'en ai quatre. Quatre? Oui quatre. Et je t'épargne la question suivante: je suis l'aînée, eh oui. On peut reprendre le fil de l'histoire ici? Merci.

Donc quand j'ai appris que je partais, j'ai essayé de réunir tout le monde pour un petit dîner sur le pouce à la maison. Je vous épargne les "moi ça me va le samedi entre 13h et 15h et éventuellement le dimanche entre 16h30 et 19h", "ah! moi justement ça me va avant 16h30 le dimanche mais après im-pos-sible!!". On a fini par tomber d'accord pour dire que hier soir on pouvait laisser tous les autres trucs méga-importants pour se retrouver.

Au final, ça a donné le plaisir de se réunir, des discussions sur des petits riens qui font le sel des retrouvailles... et quelques délices pour nous expédier au sixième ciel et demi (restons modeste).








Voilà les trois malheureux (sur 15) qui restent après la dégustation familiale. Depuis le petit rose (à la fraise) a disparu sans laisser de miettes et les deux autres ne vont pas tarder à le rejoindre au cimetière des petits macarons délicieux.

vendredi 16 avril 2010

Le Grand Projet Secret de M. Léludemoncoeur

Ce matin, je me suis réveillée avec en bruit de fond une sorte de bourdonnement. Comme si une grosse bébête se cognait perpétuellement à la fenêtre en essayant de sortir.

En fait de grosse bébête, c'était M. Léludemoncoeur qui retapait, le casque vissé sur les oreilles et le son poussé au maximum, une des précieuses interviews récoltées cette semaine pour son Grand Projet Secret (GPS) (oui, il est féru de technologies).

Vous ne le savez peut-être pas, mais M. Léludemoncoeur est journaliste lui aussi. Depuis décembre, il est même chef d'édition au quotidien Le Vespéral (aaaaaaah!) pour les pages Hainaut (beeeuuuuuuuh!). Que nenni, c'est bien le Hainaut, ya euh... euh...Paul Bury, le singe de Mons et les trainings casquettes.

Oh! Je vois ce que vous pensez! "Deux journalistes à la maison, ça ne doit pas arrêter de parler boulot!" C'est pas vrai! On parle aussi d'autre chose. Genre euh "tu as vu comment elle a monté son reportage, celle-là?" "Oh, eh! çui-là, il a oublié de brancher son micro unidirectionnel, on n'entend pas son interviewé!" "Je me demande s'il vaudrait mieux attaquer ce sujet par un portrait ou un reportage, tiens..." Comme vous le voyez, on varie les sujets. Et comme on a plein d'amis journalistes, ben ça permet d'élargir encore la palette, elle est pas belle la vie?

Et donc ce matin, dès 6h (j'ai pas regardé l'heure, mais il faisait encore noir O_o), M. Léludemoncoeur s'est levé, a bu tout le café, et s'est mis à bosser. Rien de très surprenant, me direz-vous, tout le monde de nos jours est obligé de travailler pour ramener du beurre dans les épinards (perso, je préfère la crème que le beurre, mais passons...). (parenthèse number two: Non, tout le monde n'est pas obligé, regardez les rentiers, ils bossent, eux? non!). Mais M. Léludemoncoeur travaille sur un gros projet qui le fait pas mal stresser et qui l'empêche de penser à quoi que ce soit d'autre (même à faire la vaisselle, c'est dire!).

Dès demain et pendant une semaine, il proposera dans ses pages Hainaut du Vespéral une série sur Charleroi et ses clichés. Est-ce que Charleroi est aussi pauvre, moche, sale, insécurisante, délabrée, corrompue, morte culturellement qu'elle en a l'air? Vaste programme, hein, pour une seule semaine?

Si vous êtes déjà un Hennuyer* qui habite en Hainaut, vous avez de la chance! Vous n'aurez qu'à aller à votre boîte-aux-lettres (si vous avez le bon goût d'être abonné) ou chez votre libraire (ce qui, en plus du journal, vous remplira peut-être vos stocks de potins). Si par contre, vous habitez ailleurs, je ne vois qu'une solution: grouillez-vous de trouver un pied-à-terre en Hainaut et déménagez d'ici demain.

Je crois que ça vaudra vraiment le sacrifice de votre confort et de votre sécurité!




*Note à Léludemoncoeur et aux autres Hainuyers chagrins, j'écris Hennuyer comme je veux, d'abord!

mercredi 14 avril 2010

La tête ailleurs et les bras cassés

Dans neuf jours, je pars au Congo, au Burundi et au Rwanda. Vous l'aviez déjà catché si vous me suivez sur Twitter et peut-être deviné au détour de statuts sibyllins sur Facebook. C'est pour le boulot et oui, j'ai de la chance, surtout que c'est la deuxième fois de l'année que je pars (qu'un voyage me tombe dessus serait plus juste, vu qu'on ne sait pas trop comment ça se décide et qu'on est toujours les premiers surpris, enfin, ne nous plaignons pas, d'ailleurs je ne me plains pas et je me drape de la parenthèse).

Je ne connais cette partie de l'Afrique que par ce que j'en ai vu dans des reportages (le plus souvent) ou des documentaires (parfois). Personne dans ma famille n'a vécu là-bas. Je n'ai jamais particulièrement rêvé d'y aller. Et ça, c'est plutôt positif parce que c'est souvent comme ça que je suis le plus conquise.

Faut bien avouer que quand j'ai raccroché d'avec le porteur de bonne nouvelle vendredi fin de journée ("Sophie, comme on sait que ton nez frétille quand on lui met dessous lui ce genre de sujets, ça te dirait de partir?"), j'ai commencé à cogiter. Chez moi ça rate pas: mon cerveau tourne tourne tourne, retourne la situation dans tous les sens, échafaude des hypothèses et se pose des milliers de questions.

La première et la plus lancinante tout le week-end: "bon, j'ai quoi à me mettre?"


Je saiiiiiiiis, c'est futile au regard de la misère des populations, de la beauté des pays et de l'importance de la diplomatie (et de la coopération au développement). Mais enfin, je n'irai quand même pas cul nu (inutile d'insister, c'est non!) et l'été dernier est suffisamment loin pour que je ne me souvienne plus beaucoup de ce que ma garde-robe contient. Deuxième question existentielle: "oui, mais est-ce que je rentre encore dedans?". Je ne vous rappellerai pas que la guerre des étoiles M&M's (celles qui savent comprendront) a repris de plus belle depuis quelques mois. La svelte jeune femme (djûû, j'allais encore écrire "fille!") qui a écumé d'un pas leste et léger -et la bave aux lèvres- les soldes d'été n'a gardé que la bouée, si-vous-voyez-ce-que-je-veux-dire... Vous imaginez donc le week-end d'angoisse totale, de déchirement métaphysique, de délabrement moral...

MAIS rassurez-vous, lundi matin, je suis revenue sur le plancher des gorilles, avec la grande question qui tue (ou pas, justement): "mais au fait, Sophie, tu es bien vaccinée contre la fièvre jaune, n'est-ce pas?" Mmmmmmh euh, laisse-moi réfléchir une demi-minute. Ben non, évidemment! Un "rapide" détour par un centre de vaccination agréé m'a déjà donné un avant-goût de la chaleur africaine: à l'annonce de mes destinations, l'infirmière m'a raconté en condensé sa naissance au Rwanda, sa enfance au Burundi et sa vie en Belgique, et m'a expliqué pourquoi j'allais aimer ses pays de naissance et de coeur. Au bout de dix minutes, on en était presque à se faire la bise, pour vous dire.


Question suivante? Question suivante! "Pouvez-vous silvouplé verser 85 euros sur tel compte, 67 autres euros sur tel autre compte et apporter 50 euros en cash, pour vos visas? Merci"

En gros, jusqu'à ce matin, j'avais la tête pleine d'additions (85+67+50+les vaccins+... = game over), les bras qui font mal (merci les vaccins) et les pieds... ma fois, à part qu'ils manquent de vernis sur les ongles (à ajouter à ma to do list avant de partir), ils se portent plutôt bien, eux.

C'est donc dans le train vers le boulot que j'ai enfin pris le temps d'ouvrir le Petit Futé Congo aimablement prêté par le spécialiste du Congo de chez nous. J'ai cherché à mettre sur les maigres infos que j'ai des mots, des descriptions, des images, bref des trucs concrets qui pourraient m'accrocher un peu. J'ai lu que le parc des Virunga est l'abri (parfois dérisoire) des gorilles et d'hippopotames, que la saison des pluies offre souvent des lumières époustouflantes et des paysages qui rivalisent avec les lumières.

Et là, d'un coup, je n'ai plus eu qu'une certitude: ça va être bien, ça va être très bien. J'ai hâte, maintenant!

lundi 12 avril 2010

La critique est parfois aussi difficile que l'art

J'avais envie de vous parler, dans ce deuxième billet de la journée, d'une "affaire" qui a fait gazouiller la twittosphère et ému la blogosphère la semaine dernière (oui, bon, laissez-moi le temps de retrouver mes réflexes...): la mésaventure qu'a vécue Cynthia, une blogueuse qui partage ses coups de coeur (et des coups de griffe) littéraires.

C'est d'ailleurs un coup de griffe qui est à l'origine de tout. Le 22 mars, elle partage, comme quasi tous les jours, ses impressions de lecture. Ce jour-là, elle parle de Jean-Claude Derey et de son livre "Papoua". Et elle n'a pas aimé. Pire, le bouquin lui est tombé des mains aux environs de la deux centième page parce que le style ne lui plaît pas et parce que, comme elle le précise, elle n'aime pas particulièrement les romans d'aventure.

Le chapitre semblait clos après le point final de son billet. Après tout, ça arrive à tout le monde de se tromper en choisissant un bouquin (notez que là, elle n'avait même pas choisi, elle avait accepté de lire un livre qu'on lui enverrait "au hasard" et c'était mal tombé).

Mais le 1er avril, elle reçoit plusieurs courriels de l'auteur qui l'insulte littéralement (en vrac: "J'accepte la critique quand elle est constructive mais pas les lallations et gazouillis de pétasses", "Personnellement, vos borborygmes agacent, dans la mesure où il donnent la juste mesure de votre esprit de moineau qui fait ses gammes, rivalisant avec le chant des crapauds-buffle", "Vous devez vous piquer d'écrire. Mais vos vagissements de critique " hautement litteraire " accouchent d'une souris. Je pensais les belges plus éveillés. Vous êtes consternante de suffisance et de bétise. vérité vraie, Inutile de répondre, je vous laisse barboter dans vos rêves aussi sucrés que la barbe à papa"etc etc). Charmant, n'est-ce pas?

L'homme a visiblement été blessé dans son orgueil. Il rapelle d'ailleurs à l'impertinente qu'à part elle, tout le monde a aimé son livre et que si des journalistes (radio, télé, etc) ont aimé, c'est que vraiment, elle est à la masse.

On aurait pu croire qu'après cette avalanche d'insultes, les protagonistes se quitteraient dos à dos et refermeraient le livre de la querelle. Que nenni!

Car quelques jours après, c'est l'éditeur du bonhomme qui prend son plus beau clavier pour écrire à l'insolente. C'est qu'après avoir publié les "bonnes feuilles" des insultes de l'auteur sur son blog, Cynthia a reçu énormément de marques de soutien et de sympathie, tandis que la maison d'édition recevait des réactions indignées.

Il fallait donc un beau clavier. Et au début, ça commence bien: "Chère Cynthia, si vous permettez que je vous appelle ainsi. En tant qu'éditeur du livre de Jean-Claude DEREY, je souhaite vous présenter mes excuses pour cette réaction épidermique et malencontreuse. Le fait d'être l'auteur n'explique pas tout et nous devons autant que faire se peut raison garder". On a l'impression d'être revenu à un niveau de politesse acceptable, on se dit que finalement, il reste des gens bien.

Il continue dans un registre "je vais toucher votre corde sensible": "Jean-Claude DEREY est un véritable écrivain qui a publié plusieurs dizaines de livres, tous orientés sur un genre que vous n'aimez pas si j'ai bien compris. Et bien sûr c'est votre droit. Mais d'une façon générale l'auteur est un être sensible qui essaye de tout donner à travers sa plume, il se met à chaque fois en danger et se faire éditer c'est chercher implicitement une reconnaissance". Ok, il a pas tort, c'est vrai qu'écrire un livre, on peut considérer ça comme une mise à nu, la présentation d'un projet dans lequel on s'est investi et qu'on voudrait que tout le monde aime.

Mais c'est évidemment ici que bardaf, c'est l'embardée. "J'attire votre attention sur le fait que le jury du prix RENAUDOT a sélectionné le dernier ouvrage que j'ai publié "LE QUART D'HEURE COLONIAL" dans sa sélection l'année passée. Ce sont eux des critiques littéraires et des spécialistes".

Ca m'attriste, de lire des trucs comme ça, où on présuppose que seuls ceux qui savent savent et peuvent parler. En gros, les spécialistes, les critiques littéraires. Le petit peuple, t'as juste le droit de lire ce que les critiques ont aimé pour toi, et surtout ne dis pas que ça te plaît pas, tu ne peux avoir qu'un avis de merde (et en plus tu l'exprimes mal).

Ce n'est pas ça, la lecture. La lecture, ce sont des émotions, positives ou négatives, vécues en se plongeant dans un livre. Ce sont ensuite ces moments de partage "oh! tu sais quoi? j'ai lu un livre qui devrait te plaire!" "pfff! je viens de lire le dernier roman de X (je cite pas d'auteur, hein, c'est pas que je parle de romans X) et j'ai l'impression qu'il se renouvelle pas des masses, je suis déçue"

C'est ce bouche à oreille, parfois ces prêts de bouquins (ça fait pas vivre les éditeurs non plus, le prêt de bouquins aux copines), les conseils, les découvertes d'ouvrages recommandés par d'autres qui font tout le plaisir et le sel de la lecture.



Alors, mes ami(e)s, "lisons! lisons! et commentons ces pompeux cornichons!"



Je n'entends plus personne quand mon mp3 sonne (air bien connu)

Aujourd'hui, j'ai décidé de vous proposer deux billets pour le prix d'un. Normalement, c'est pas conseillé: ça nuit à la lisibilité et à la visibilité des bafouilles, on n'a pas le temps de lire un truc qu'on est déjà sollicité par le suivant. Mais bon, je pense à vous, moi! Vous êtes en vacances, l'actualité est pauvre et/ou morose (des avions qui se crashent avec un président dedans et ça fait une semaine d'émotion polonaise dans l'poss' et sur les sites des journaux). Ya quasiment pas de news un peu sympas à se mettre sous la dent. C'est là que j'interviens.

Bon, je ne prétendrais pas être une comique troupière, une qui sort son truc en plumes pour vous divertir. Modestement, j'ai de nouveau envie de partager des trucs avec vous. Pourquoi en deux billets, alors? Ben parce que j'ai envie, tiens! Et aussi parce qu'il y a des sujets dont on n'a pas envie de parler en disant "par ailleurs..."


DONC, vous, bande de petits veinards, vous êtes peut-être toujours en congé. Moi pas. J'ai repris ce matin le chemin du turbin (ouh! regardez, on entendrait chanter les 7 nains de Blanche Neige, presque!!). Bilan de la semaine de récup-congés: un beau gros glandage, parsemé de quelques lessives, d'entame de démarches, de moments d'amitié (en laïve ou par chat), de billets blog, etc. En résumé, un bel exemple de procrastination et de démarches pas tout à fait abouties. Fermez les yeux des enfants, faudrait pas qu'ils en prennent de la graine.

Mais tout cela est donc bien derrière nous, refermé dans le beau chapitre des six jours de congé. Aujourd'hui, je me suis regreffé les écouteurs sur les oreilles et j'ai repris le train. Faut-il préciser que le train est une nouvelle fois arrivé en retard à destination? Je ne pense pas, c'est comme les nouvelles positives quotidiennes, on n'en parle même plus dans les journaux, c'est de la non-info.

J'ai pas calculé exactement le nombre de chansons que j'ai passées dans ce train, mais on devait pas être loin de la dizaine (à en moyenne 3 minutes cinquante par chanson, je vous laisse faire la multiplication, c'est bon pour ce que vous avez). Heureusement, d'ailleurs, que mon lecteur mp3-avec-des-écouteurs-blancs-vous-voyez-le-genre-que-je-veux-dire? m'adoucissait les moeurs.

Chépas si vous avez déjà testé le mp3 dans le train. Je vous le conseille fortement. Bon, évidemment, on perd 2% de conversations délicieuses ("Eh Tiffany, tu sais pas ce que je lui ai répondu à cette grosse vache de patronne? Que vu les heures supp' que j'lui ai djà faites, elle pouvait aller se faire voir, sans blague Tiff'!"), mais quel bonheur de s'épargner les 98% de chiards qui geignent, de types qui se rongent les ongles, qui reniflent ou qui ronflent, et surtout, surtout, les tchikitchiks des autres mp3. Oh! n'allez pas croire que je me mêle à ce concert de bruits insupportables. Non non non! Je suis une jeune femme civilisée, j'ai exprès testé le seuil limite où mes voisins de train entendraient ma musique. Ouiiii Messieursdames!

Par contre, si vous croisez une bonne femme qui se dandine, fait des positions de danse classique (avec les pieds uniquement, hein!), qui dit les paroles muettement, voire, dans ses pires moments de transe, chantonne...



N'hésitez pas à me taper sur l'épaule pour me dire bonjour. Et surtout m'arrêter, ça rendra service à tout le monde.



(la suite plus tard)

dimanche 11 avril 2010

Mea culpa d'une accultivée chronique

Hier, je suis allée au festival Balkan Trafik, à Bruxelles. Sortez vos agendas, dégainez votre plus beau bic rose, faites une croix en versant une larme et inscrivez soigneusement "Ce 10 avril, Sophie s'est bougé le cul pour une sortie culturelle".

Eh oui, mes amis, hier j'ai pris le train de 12h43 (arrivée à Bruxelles centrale prévue à 13h09, mais vous savez comment ça se passe avec la SNCB, ya toujours bien un feu qui passe pas au rouge, ou bien si justement, et si on le voit pas à temps on est baisé bloqué pendant des minutes et des minutes et ce sans aucune information ni excuse, comme je vous le dis, donc bref, arrivée finalement avec je sais plus combien de minutes de retard que même l'accompagnateur en bouffait son képi, je referme ici la parenthèse) pour rejoindre une amie de 20 ans (que je connais depuis vingt ans, hein, sinon elle a 27 ans et une grosse fafiote comme moi, misère, le temps passe super vite!) et des amis à elle.

Oui, parce que faut bien vous dire que je ne rêve pas de Balkans toutes les nuits, ni de festivals, d'ailleurs, et qu'il fallait donc une bonne raison de m'arracher à mon PC chéri et au semi-silence de mon appart (un jour je vous expliquerai pourquoi on n'a qu'un semi-silence). Donc, dans ce cas-ci, la force d'attraction vers Bruxelles, c'était de revoir mon amie de 20 ans, Nathalie, que je n'avais plus revue qu'épisodiquement ces dix dernières années. Il fallait bien ça pour que la combinaison de festival + Balkans ne me fasse pas fuir irrémédiablement.

Avouons-le tout de go, ce genre de festivals "soyons open et allons à la découverte d'autres cultures", ça me broute sévère, en général. L'idée même de voir tous ces gens en dreadlocks et kakbroek (comme on dit poétiquement chez nos amis flamands) te parler de la culture serbo-croate, tu vooâââs, qui a tellement su tirer de ses blessures de guerre une force surhumaine, tu voooââââs, ça m'emmerde. Ces types et ces bonnes femmes qu'on revoit après à Couleurs Café (oh! vous saviez que Diam's sera là cette année? Bonjour la world miousic quoi!*) et à tous les endroits où on joue du djembé en bouffant du poulet moambe, je trouve ça nul. Ajoutez à ça une détestation viscérale de la foule, vous obtenez la misanthrope accultivée que je suis.

Mais la culture ne se résume pas aux festivals en tous genres, s'écrie le lecteur cultivé et au courant. C'est vrai, il y a les pièces de théâtre, le cinéma, les expos, temporaires ou permanentes, la lecture, les concerts, les galeries d'art, les happenings et autres. C'est très vrai. D'ailleurs, je suis au courant de plein de trucs chouettes organisés de ci de là. Encore faut-il vaincre mon inertie naturelle.

Ainsi, j'ai choisi d'étudier à Bruxelles parce que c'est une belle ville avec pleeeeeiiiiiin de chouettes musées que j'allais aller visiter les jours où j'aurais pas cours. Résultat? Je ne me souviens pas avoir poussé la porte d'un seul musée en 4 ans d'études (oui, à mon époque, on faisait encore 4 ans d'études pour avoir un diplôme). Pas que je n'aie rien trouvé à mon goût, hein. J'adore les Musées royaux des Beaux-Arts, j'aimerais bien aller visiter Magritte en son musée (oui, bon, lui, il a été inauguré après mes études), je me suis toujours promis de pousser la porte du Musée des instruments de musique, et je suis curieuse de voir ce que donne le Musée Belvue.

Mais malgré mes trois ans et demi de rattrapage (ben oui, je bosse à Bruxelles, aussi, maintenant), jamais je n'ai poussé la porte d'un musée bruxellois. Ni même celle d'un musée montois, ou carolo, ou simplement louviérois (pour dire de mettre ma région d'adoption en valeur).

Pas grave, se dit le lecteur prêt à me laisser une dernière chance, il reste le cinémaaa, le théâtre, les concerts, la lecture... Avatar, mondial d'impro, Bénabar (à Couleurs Café et puis à Forest National, Bénabar c'est Bénabar)**, faut que j'en jette d'autres? Je ne sors même plus en boîte, comme l'ont très adroitement fait remarquer les nièces de M. Léludemoncoeur.

Ya finalement qu'en lecture que je me débrouille plutôt pas mal (c'est pas pour faire compèt', hein, mais bon). Lire, ça je sais faire et ça ne m'ennuie jamais. Je lis à peu près tout ce qui me tombe sous les yeux. J'ai terminé "l'Amour en plus" d'Elisabeth Badinter (oui, je sais, j'ai trente ans de retard, mais Mêdême, moi, ya trente ans, je ne pensais même pas encore à exister, et toc!) et j'ai entamé "Les Imposteurs" de Cavanna (oui, bonjour le grand écart). (Vous pouvez vous esbaudir sur ma culture livresque :-/)

Alors oui, voilà, hier j'ai fait ma BA culturelle du printemps, j'ai dansé macédonien dans des workshops idoines, en m'étonnant que la Turquie fasse partie des Balkans. J'ai voulu aller voir Frida Kahlo (l'occasion fait le larron, puisqu'on était à Bozar), mais c'était sold out, comme toutes les expos temporaires. Tant pis!

Mais finalement, le plus important, c'est d'avoir retrouvé cette amie, d'avoir fait connaissance avec ses potes originaires de tous les coins du globe, d'avoir partagé des points de vue sur la Belgique, sur leur culture. Et -ça va faire une conclusion bateau-mais-tant-pis-aussi- c'est de ça que je m'enrichis!



* Bon, faut bien dire que Bénabar l'an dernier à Couleurs Café, c'était pas très world miousic non plus. Mais Bénabar, c'est Bénabar, comme je l'ai dit plus haut. On ne revient pas là-dessus, merci.
** pour le lecteur inattentif, les derniers trucs que j'ai faits/vus dans les catégories susmentionnées.

jeudi 8 avril 2010

Ne nous soumets pas à la tentation

Enfer et damnation! Ce matin, mon amie Bab's m'a innocemment transféré une newsletter qu'elle venait de recevoir.

Mon amie Bab's savait très bien à qui elle l'envoyait. Ne m'a-t-elle pas dit, d'ailleurs, qu'elle ne pouvait pas ne pas partager l'info avec moi?

Car le Comptoir des Cotonniers, c'est ma découverte mode de l'année dernière. De jolis vêtements dans des couleurs sobres et de belles matières, surtout. Ma peau à tendance transpirante me bénit quand j'enfile ma douce chemise en coton ou ce joli pull en cachemire. Elle me l'a jamais dit comme ça, mais je le sens bien.

Evidemment, la qualité, les belles matières, ça se paie, et pas uniquement en lavage à la main (ouais, c'est l'autre gros défaut de ces vêtements, ya quasi rien qui va en machine...). Le moindre T-Shirt va vite chercher dans les 40 euros (voire plus) et la petite robe toute simple dans la centaine d'euros bien tassée.

Heureusement, ils font souvent des promos. Outre les soldes d'hiver et d'été, ya aussi les promos de printemps et d'automne. Oh! que ça tombe bien! :-) Or, donc, cette semaine, c'est promos de printemps. Ca commence aujourd'hui et ça se termine dans une petite semaine. On dit merci qui?

Allez, toutes avec moi: "et délivre-nous du mal"...



PS: Bab's, tu restes mon amie quand même, hein!


PPS: c'est qui qui me lit depuis la Grande-Bretagne, hein, dites?
Edit 15h57: il m'a fallu plus de 4h de cogitation (et une pause sieste) pour avoir l'illumination mais... je salue donc Léone, en direk laïve de Londres (la clâââsse intégrale)

mercredi 7 avril 2010

Congés? Ahaah! Mais tu rigoles, j'espère!


YES!! Ca y est!! Je suis ENFIN en congé!! me suis-je écriée lundi à 14h03 en levant les bras au ciel pour exprimer mon contentement (oui, je m'exclame beaucoup ces temps-ci, me demandez pas pourquoi). Après quinze jours de travail d'affilée, j'allais enfin pouvoir renvoyer mon réveil chez sa mère (mon gros fantasme depuis dix jours*), me prélasser au lit, lire, faire la sieste, buller, me vernir les ongles, regarder M. Léludemoncoeur travailler en savourant le fait que moi non, profiter du fait que je n'ai plus d'horaires, cuisiner éventuellement, mais juste pour le plaisir. Ca allait être le pied intégral, pendant six jours (6!!!)

Je suis donc rentrée à la maison avec un sourire béat, les bras toujours levés en signe de victoire sur le travail, prête à attaquer ma semaine de récup-vacances.

Avant de repérer les trois mannes de repassage, le panier à linge débordant, la vaisselle encroûtée dans l'évier, les factures et les courriers en retard, la poussière en paquets, les assurances à appeler, etc.

Est-il utile de préciser que le sourire béat s'est transformé en moue et que les bras m'en sont tombé?

Allez, plus que quatre jours et puis c'est boulot!


*oui, on a les fantasmes qu'on peut

lundi 5 avril 2010

Ma semaine dans un cocon hyper-sécurisé

QUOI? Ricky Martin est GAY?

A mon cri de stupeur, M. Léludemoncoeur lève un sourcil étonné. "Ben oui, t'étais pas au courant? Ca fait au moins trois heures que c'est sur tous les sites internet. Tu débarques, ou quoi?"

Eh oui. Je débarquais vraiment, moi l'accro à l'info, connectée au moins 14h par jour à internet, qui ouvre automatiquement la page du Soir en ligne juste après sa boîte mail. Car là où j'étais cette semaine, point de GSM (pas grave, j'ai l'habitude de l'oublier une fois par semaine), point d'iPod connecté wifi, et point d'ordinateur, du moins s'il est connectable au monde extérieur. Pendant cinq jours, j'ai plongé quotidiennement dans un cocon hyper sécurisé.

J'ai assisté au "procès terrorisme" à Bruxelles.

Lecteur perplexe, laisse-moi t'expliquer comment on peut associer cocon et terrorisme dans la même phrase.

Il avait été convenu il y a une dizaine de jours que je suivrais les plaidoiries des avocats des sept prévenus présents au procès quand, dimanche dernier, on annonce que les mesures de sécurité seraient renforcées dès le lendemain au palais de Justice de Bruxelles pour prévenir toute tentative d'évasion. Mettez terroristes, évasion et formation en explosifs (oui, certains prévenus ont suivi ce genre de formation, après chocolatier-pâtissier), ça vous donne une idée de la nervosité potentielle des services de police.

Chaque matin, il a donc fallu montrer patte blanche (ou du moins cartes d'identité et de presse) pour entrer dans l'enceinte du palais. Et quand je dis patte blanche, c'est quasiment ça, puisque les "têtes d'Arabes" étaient visiblement contrôlées plus strictement que les blondinets. Mehmet en bout encore.

Etant plutôt blondinette, j'ai vu cet exercice de musculation sécuritaire d'un oeil assez amusé. Faut dire que c'est pas tous les jours qu'on peut dire bonjour avec un joli sourire à un policier encagoulé (qui répond même pas, pffff) (ptêtre qu'il parlait pas français), croiser d'un air innocent des types qui portent gilet pare-balles, mitrailleuse, arme à la cuisse et cagoule (of course) et se faire palper par une fille. La gamine qui comate en moi a parfois donné des signes de vie à l'idée, par exemple, de gueuler "boum!" dans le palais, juste pour rigoler.

A l'approche de la salle d'audience, il fallait passer des barrières de sécurité avec des policiers pas toujours très souriants ni très fins. "Vous êtes un des prévenus aussi?", a même demandé un de ces dignes représentants de l'ordre à Mehmet qui, saluons-le ici, a réussi à garder son calme au moment de répondre "non non, je suis journaliste" (et je suis le procès depuis trois semaines, connard! aurait-il pu ajouter, ce qu'il n'a pas fait et c'est tout à son honneur).

Après ce premier cerbère, direction le bac, où il faut, comme à l'aéroport, déposer sacs, effets personnels métalliques, vestes,... bref, tout truc susceptible de vous recaler au détecteur de métaux. Avant de passer sous le portique cependant, il faut se signaler une nouvelle fois, donner son nom et son GSM, batterie enlevée.

On devient -pardon, on obtient!- alors un numéro de consigne qui permettra de récupérer le joujou technologique (oui, enfin... ça dépend pour qui) à la sortie. Hop! plus moyen de se tenir informé de ce qui se passe à l'extérieur. Une bombe exploserait encore dans un autre coin de Bruxelles qu'on resterait quand même assis tranquillement sur nos bancs. La preuve: c'est à cause de ça que j'ai appris cinq heures après tout le monde que Ricky Martin est gay.

En parlant de gay, après le numéro et le portique, c'est la fouille (les mecs par des mecs, les filles par des filles). Bon, pas à poil et accroupi comme les prévenus qui comparaissent détenus, mais quand même. Et vas-y qu'il faut enlever son écharpe, et vas-y qu'on palpe les bras, la taille ("humpf, et rentre le ventre!"), les cuisses et jusqu'aux chevilles, en vérifiant au passage l'intérieur des chaussettes. Avec la pensée féminine qu'on ne peut pas retenir: "Merci l'esthéticienne d'avoir eu un moment de libre ya quelques jours!"

Vous pensez qu'après ça, on peut aller en paix s'assoir pour se remettre de ses émotions? Que nenni mes amis! Il faut encore donner ses chaussures (bah oui, depuis Richard Reid et ses chaussures à l'explosif, on n'est jamais trop prudent) et attendre les doigts de pieds recroquevillés dans les chaussettes que le robo'cop ait fini d'inspecter le fond des godasses. Vendredi, j'ai eu droit, en guise d'intermède, à une palpation des orteils et de la plante des pieds. Sait-on jamais que j'aie caché une lime ou du plastic dans mes bas Dim...

Il faut bien avouer qu'après avoir passé toutes ces étapes une première fois le matin, on hésite à ressortir à la pause, fût-ce pour aller soulager un besoin pressant. Parce qu'évidemment, ceux qui quittent (kiki?) le périmètre doivent se plier à nouveau à tout le rituel sécuritaire s'ils veulent revenir. On le refait bien une fois pour le fun, mais à la longue ça lasse, c'est là qu'est l'os.

On se retrouve enfin dans une salle d'audience où patrouillent encore des policiers, où on voit passer Musclor et ses copains (regarde mon beau brassard qui fait saillir mes musck'!) et où les bruits semblent étouffés comme par du coton. Il y fait calme comme dans un cocon. Un cocon qu'on ne pourrait atteindre de force qu'après avoir tué au moins 20 personnes.

Le paradoxe c'est qu'à côté de cela, on se retrouve face à des gars -les prévenus- poursuivis pour appartenance à un groupe terroriste, mais qui sont les premiers à se lever pour aller vérifier que la sono marche bien pour que le président n'ait aucun mal à entendre les plaidoiries. Des types qui, à la pause, déplorent que les médias les dépeignent comme des terroristes, des vrais, et que les gens sur les forums leur souhaitent d'aller se faire pendre.

Des types qu'on voit rigoler franchement avec les policiers qui les ont filés puis interrogés et qui les ont finalement expédiés devant le tribunal.

samedi 3 avril 2010

L'avortement, ça fait aussi partie de la vie

J'étais partie sur l'idée de vous parler popote entre potes, de chipotages culinaires pour la bonne cause (le plaisir des papilles, of course) et puis les débats du dimanche, la presse, les manifestations pour ou contre m'ont rappelé ce fait: cette semaine, on fête le vingtième anniversaire de la loi dépénalisant l'avortement. Et je me suis dit que les considérations alimentaires attendraient un peu.


Je suis née grâce au docteur Willy Peers. Ma mère en parle encore avec adoration, de ce médecin qui, contrairement à un de ses confrères, ne l'a pas découragée. Elle voulait tellement une famille nombreuse que le jour où son gynécologue, après un an (!!) de tentatives infructueuses, lui a dit qu'elle n'aurait jamais d'enfants, son monde s'est écroulé.

Bon, l'histoire a montré que ce type était un imbécile, puisqu'après moi sont encore arrivées quatre pestes, ce qui nous fait finalement une belle brochette de non-enfants. Et c'est donc, pour ma soeur Marie et moi, le docteur Peers qui nous a mises au monde.

Parallèlement, il militait pour l'avortement, estimant qu'il valait mieux qu'une femme se défasse de son bébé dans des conditions médicales et d'hygiène correctes que dans l'arrière-salle d'un café, avec des aiguilles à tricoter. Ca lui a valu la prison, et peut-être une mort prématurée, à 60 ans.

C'est son combat, et celui d'autres, qui a abouti à la loi d'avril 1990 dépénalisant l'avortement. J'avais huit ans, à l'époque. J'ai donc vécu toute ma puberté, mon début de vie de femme avec cette sorte de filet de sécurité qu'on préférerait ne pas devoir utiliser mais qui a le mérite d'exister.

J'ai grandi avec l'idée que si mon corps, ma contraception ou les circonstances me trahissaient, j'aurais vraiment la possibilité de choisir. Mes amies aussi. Ca ne veut pas dire pour autant qu'on a joué à la roulette russe, sans se protéger, en s'en remettant au destin, en se disant que de toutes façons, yaurait moyen d'effacer les erreurs.

Plus j'avance, plus je me rends compte à quel point je vis et j'ai vécu dans un cocon protecteur. Je ne connais aucun cas d'avortement dans ma famille, dans mes amies. Je n'ai jamais été confrontée directement ou indirectement à ce choix certainement hyper difficile. Je reste donc convaincue que la possibilité d'avorter est une bonne chose pour l'évolution des femmes.

Quelle ne fut donc pas ma surprise de voir la virulence des "anti" ces derniers jours/semaine. Bon, ok, j'ai vécu dans un cocon protecteur, mais je ne suis pas bête au point de croire que tout le monde est d'accord avec cette possibilité offerte aux femmes. Je me doute bien que certains préfèrent la vie coûte-que-coûte. Mais je pensais que c'était le genre d'opinions, pour ou contre, d'ailleurs, qu'on ne brandissait plus sur la place publique, sauf quand on est cardinal, ou à la limite évêque. Le genre d'opinions qu'on garde éventuellement pour la partie polémique d'un dîner un peu trop arrosé.

Et puis non, on organise des marches "pour la vie", des contre-manifestations, les télévisions ressortent les images de manifestations d'il y a 25 ans, on revoit le docteur Peers en tête des cortèges. Et, sur les plateaux des télés ou dans les journaux, les "pro" et les "anti" s'écharpent à nouveau.

Bizarrement, dans les "zanti" (pas forcément gentils, d'ailleurs), on trouve beaucoup d'hommes. Qui disent que les foetus sont des hommes comme les autres, que s'en défaire, c'est commettre un meurtre et que -enfin!- c'est quand même pas si dur de mener la grossesse à terme et de donner le bébé en adoption après -ya tellement de parents qui attendent!!

Ces propos ne peuvent venir que d'un homme, sans doute. Celui qui ne sentira jamais ses hormones lui jouer des tours, son corps se déformer, cette petite "chose" bouger. Celui qui ne risquera pas de se retrouver alité parce qu'une ouverture du col à 5 mois et demi de grossesse, c'est pas franchement viable pour le bébé (et quels parents voudraient adopter un bébé dont le pronostic de survie se fait au jour le jour, hein?). Celui qui pense qu'en voyant cette "petite chose" sortie d'elle, la mère ne pourra faire que l'aimer, et donc changer d'avis. Celui qui pense que l'amour maternel et naturel triomphe de tout.

Celui-là ferait bien de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Et pas dans celle de sa copine, on sait jamais qu'elle attrape un bébé.