jeudi 15 juillet 2010

Parler d'horreur avec une gueule d'ange

Le jour où j'ai refermé Birdman, j'ai pensé: "cette bonne femme est complètement folle". Je venais de faire connaissance avec Mo Hayder, écrivain britannique, et son monde glauque, effrayant, toujours sur le point de basculer dans le gore.

Je ne suis pas une adepte du genre, d'habitude. Croyez-le ou non, je n'ai jamais regardé un film d'horreur. J'en suis tout à fait incapable, à vrai dire. Je crois que je mourrais au moins dix fois avant la fin et je regarde rarement un film pour me faire du mal. Notez, je suis incapable de supporter plus d'une certaine dose de violence dans un film, ce qui fait de moi potentiellement une abonnée aux bluettes et autres comédies romantiques.

Mais Mo Hayder me fascine, depuis ce premier roman, Birdman. C'était il y a dix ans et depuis, j'ai lu tous ses livres, sauf un (que je ne vais pas tarder à me procurer, d'ailleurs :-) ). J'avais même "chroniqué" Birdman pour un dossier sur les serial killers en deuxième année d'université (Céline s'en souviendra peut-être), dans un article sur "les romans pour frissonner à la plage".

Birdman met en scène l'enquêteur Jack Caffery, qu'on retrouve dans cinq des sept romans déjà publiés par Mo Hayder. Mais là où d'autres auteurs s'en tiennent à une enquête policière "classique", avec un peu d'hémoglobine et quelques cadavres pour faire bon genre, Mizz Hayder y va cash dans le trash. Cette bonne femme a une imagination débridée quand il s'agit de torturer et malmener ses personnages.

Jack Caffery lui-même, s'il ne souffre pas physiquement dans chacun des romans, est complètement tourmenté par la disparition jamais élucidée, 25 ans plus tôt, de son frère Ewan, vraisemblablement victime d'un voisin pédophile. Ce passé chargé lui pète régulièrement à la figure dans les enquêtes qu'il mène.

Le dernier bouquin de Mo Hayder, "Proies", n'échappe pas à la règle. C'est encore une enquête de Jack Caffery, aidé de Flea Marley, une enquêtrice spécialisée dans les recherches en eaux troubles (littéralement, hein!). Elle aussi se débat avec ses démons. Ce dernier ouvrage s'éloigne un peu des précédents, en ce qu'on n'y retrouve pas cette touche de trash qui fait basculer le roman. Il s'agit d'une enquête plus "classique" mais bien charpentée, bien rythmée et au final inattendu. Ca reste haletant, prenant et plaisant.

Vous avez donc comme ça une meilleure idée de cinq des sept romans de Mo Hayder. Les deux autres, Tokyo et Pig Island, sont, eux, de véritables petits bijoux à vous faire hérisser tous les poils. Tokyo nous plonge dans une capitale japonaise un peu interlope, glauque, et en parallèle dans la Chine de la guerre 40-45. Le dénouement est terrible, mais pour y arriver, il faut aussi passer par des chapitres éprouvants, terrifiants, mais terriblement prenants aussi.

Pig Island fait pareil et laisse à peu près désespéré. Ca fiche la frousse, une vraie frousse bleue, une frousse au confins du fantastique.

Mo Hayder, cette "diablesse au visage d'ange", comme l'appelle Marianne, s'y connaît fichtrement bien pour prendre son lecteur à la gorge jusqu'à la dernière page, l'obliger à lire même s'il n'aime pas le trash.

Chaque fois que je referme un de ses bouquins, je me demande comment ce "visage d'ange" peut imaginer des histoires aussi sordides. Il faut chercher, sans doute, dans son histoire personnelle, cette biographie que ses éditeurs évoquent pudiquement en début de chaque livre mais que Wikipédia traduit en gros mots bien plats. Mo Hayder est fascinée par la violence, mais le plus pervers, c'est qu'elle arriverait à partager sa fascination avec le plus doux des agneaux!

3 commentaires:

  1. ça me donne envie de lire ses bouquins!

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  2. Merci, c'est le plus joli compliment qu'on puisse faire pour un billet blog.

    Mais vraiment, je te la conseille. Mo Hayder rocks! :-)

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  3. Je notes les references, dès que je suis au repos, je me procure un de ces bouquins !

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