mardi 9 novembre 2010

L'empathie, c'est pas confortable

Je suis une petite chose fragile et sensible. Je suis incapable de regarder de la violence intentionnelle à la télé. Je suis incapable de revoir le moment où les vertèbres de la Million dollar Baby craquent sur le coin d'un tabouret, parce que je SAIS que ça va craquer, et que ça fait mal. Ma capacité d'identification frôle le 100%, je deviens physiquement mal. J'ai du mal avec la cruauté gratuite et intentionnelle.

C'est pour ça que je n'aime pas la télé-réalité. Ou une certaine télé-réalité. Ou certains côtés d'une certaine télé-réalité. Je vous ai parlé l'autre jour de la méchanceté stratégique de candidats du Dîner presque parfait. Pris par la volonté de gagner, ils n'hésitent pas à casser les autres, quitte à être grossiers et à pousser de hauts "beurk!" sitôt la première bouchée goûtée.

Mais les plus cruelles, pour moi, ce sont ces émissions où des candidats doivent s'impliquer pour réussir une "mission" (conquérir le coeur d'un fermier, ou devenir le meilleur cuisinier amateur de France, par exemple) et où quelqu'un (le fermier ou le jury, par exemple) doit éliminer une ou plusieurs personnes. Et lance: "T'es vraiment quelqu'un de bien, mais je t'élimine. Et j'espère que ça ne changera rien entre nous et qu'on restera amis!"

Allez, c'est vrai qu'en théorie, il n'y a pas de quoi fouetter une vache (ou une crème, ça dépend de l'émission). Des choix douloureux, ça fait partie de la vie. Des séparations, des "je préfère qu'on reste copains" aussi. Des "désolé(e), la place est prise par l'autre candidat", c'est pas agréable, mais ça arrive, encore et toujours. Sauf qu'en général, il n'y a pas de caméras de télévision braquées en gros plan sur la tête du vaincu pour humer la moindre émotion.

Vous me direz: ils le savaient avant de commencer, qu'ils risquaient de se prendre un vent face cam', c'est pas comme si on leur avait menti sur la marchandise. C'est vrai, totalement vrai. Mais moi, je ne peux pas m'empêcher d'avoir le coeur qui se serre face à ça, face à cette cruauté qui devrait rester intime.

Si trouver une femme pour un agriculteur ou faire d'un bon cuisinier amateur a quelque chose d'artificiel, la déception, elle, ne l'est jamais. Même devant des caméras. Ca devrait faire l'objet d'une nouvelle télé-ralité, tiens. On appellerait ça Intolerable Cruelty.

4 commentaires:

  1. Je suis bien d'accord avec toi. Je suis trop sentimentale pour ce genre d'émission!

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  2. Je compatis à ta douleur... heureusement, la reuteubeu m'aide à tenir le coup, coté TV ;-). Par contre, je développe beaucoup d'empathie pour les personnages (récurents) de roman. Je pleure les moments tragiques, j'angoisse de savoir s'ils vont s'en sortir et je vis comme une déchirure chaque fin de livre...

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  3. C'est vrai, les histoires de jury qui élimine, je n'aime ça que pour l'émission La Nouvelle Star !
    hihihi

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  4. @lalydo: ces émissions m'inspirent un mélange de fascination et de répulsion. Fascinée que des gens puissent s'exposer comme ça et répulsion plutôt par rapport à moi-même et aux producteurs de l'émission...

    @Naàlia: certains livres m'ont fait sangloter à tel point que M. Léludemoncoeur s'est inquiété. "Quoi?? Mais qu'est-ce qui se passe??" "c'est rien (snif) c'est juste que... (snif) c'est trop beau/triste/..." ;-)

    @Joufflette: :D Mais ya pas que des jurys... L'émission L'Amour est dans le pré, c'est quand même des gens (le plus souvent des femmes) qui sont en compétition pour séduire quelqu'un et ne pas se faire éliminer. Certaines disent être tombées amoureuses et puis elles se font jeter de la même manière... bouh! :(

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