mercredi 1 septembre 2010

Une photo de classe un peu sépia (mais vraie)

J'étais partie dans l'idée de vous chanter un petit couplet sur le ton du "la rentrée ça pue!" avec son lot de cons braves travailleurs qui bondent les trains ou les routes, de temps maussades, de gosses qui se préparent une scoliose ou un lumbago, tout en terminant par une note positive (on n'est pas un blog à la saveur de croustillons chauds pour rien, ici).

Et puis tout en réfléchissant (oui, c'est pas parce qu'on ne cause pas politique qu'on laisse ses neurones sur le tableau de bord), je me suis rappelé avoir entendu à la radio, il y a quelques jours, cette chanson qui m'a projetée pas loin de 20 ans en arrière:




Projetée dans un spectacle de fin d'année à l'école primaire, où on rejouait un peu cette histoire de débarquement de Christophe Colomb en 1492. Je me rappelle (je crois que c'était la même année...) du Bia Bouquet chanté en apothéose d'un sketch en wallon. Ne me demandez pas le rapport entre les deux, avec les années, il s'est perdu.

Pourquoi je vous parle du spectacle de fin d'année alors qu'elle recommence, l'année scolaire? Tout simplement pour ceci: l'école qui proposait ce spectacle n'était pas tout à fait ordinaire. (le premier qui lâche un truc genre "école spécialisée? hinhin ça m'étonne pas" sort immédiatement)

On y donnait cours aux six années de l'école primaire en même temps. Une seule institutrice pour tout le monde. A l'ancienne. Une seule classe, chauffée par un seul poêle à mazout. Une dizaine d'enfants seulement. Pour les six années, oui oui. Mon père m'assurait il y a quelques semaines que notre arrivée au village avait sauvé l'école. Vous pensez bien, avec cinq filles (CINQ filles? Oui, cinq), on y a dégagé l'avenir et pérennisé sa population!

Vous imaginez, donc, douze élèves (les bonnes années, ça passait à quarante) instruits par une institutrice qui avait elle-même usé ses tabliers sur les mêmes bancs que nous, quarante ans avant? Vous imaginez le ballet des "grands" pour aller faire chauffer l'eau des pâtes sur le poêle au mazout dès 11h30, puis surveiller la cuisson des pâtes en espérant que l'une ou l'autre "tresse" de pâtes se forme? Vous imaginez l'heure de midi, tous assis autour d'une table dans le fond de la classe, où petits et grands se délectaient de pâtes au lait et au fromage (mais seuls les grands avaient droit aux "noquettes" de fromage)?

Vous imaginez les grands attendre sagement que les petits reçoivent leur leçon de français en lisant leur livre d'histoire? Vous imaginez les paniers de baskets qui se transformaient en maisons à la récré, tout comme les grilles du jardin? Vous imaginez ce bâtiment isolé de la route, tranquille, à côté de la "maison de l'institutrice), dans la cour duquel il suffisait d'un vieux van VW pour embarquer tous les élèves et les ramener chez eux?

Vous imaginez ces moyens mnémotechniques appris d'une institutrice qui les tenait elle-même de son institutrice à elle? Vous imaginez ces grilles de conjugaison remplies comme si c'était un jeu? Vous imaginez ces balades dans la nature, ce vieux tableau noir qu'on se battait pour nettoyer consciencieusement (et dont un côté était ligné pour apprendre à écrire bien)?

C'était il y a moins de vingt ans, vous l'imaginez, ça? Vous avez sans doute du mal, c'est normal.

Moi non plus, j'l'aurais pas vécu, j'l'aurais pas cru. :-)

(comme quoi, toutes les rentrées scolaires ne m'ont pas foutu le cafard)



(au moment où cette note pré-rédigée sera publiée, je serai moi aussi en train de faire ma rentrée. Enfin, pour deux jours, et c'est pas vraiment que je suis partie en vacances, hein)

3 commentaires:

  1. vi c'était comme ça à l'époque ! C'est dingue !
    suis retombée sur des anecdotes du même genre en retapant les notes de l'ancien directeur de mon école primaire (où j'ai bossé comme bénévole!)

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  2. Ce qui est dingue, c'est que ça ait perduré aussi longtemps... Ca ne fait qu'une petite quinzaine d'année que l'école s'est agrandie, que la classe unique a été divisée en deux classes. La réputation de cette petite école communale (et le renouvellement du village) y est pour beaucoup...

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  3. dans mon ancienne école, c'est tout de même moins récent. Je n'ai plus trop les dates en tête...

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